Chez les selliers-harnacheurs d’aujourd’hui

Domestiqué il a 9 000 ans dans la péninsule arabique, le cheval a été, des siècles durant, un animal de guerre, de transport ou d’aide, au service des hommes. Marquant l’histoire et les progrès de l’humanité comme aucun autre animal, le cheval est présent dans tous les mythes, les légendes et toutes les formes d’art.
Aujourd’hui, la « plus noble conquête de l’homme » est essentiellement montée pour le loisir, ou lors de compétitions. L’équitation est en effet le troisième sport français en nombre de licences.

 

L’artisan coupe le cuir dans des peaux entières
Mais pour monter à cheval, un équipement adapté est nécessaire. C’est l’affaire des selliers-harnacheurs qui réalisent les harnais d’attelage et les différentes selles sur mesure.
Sarah Fillon est l’une de ces artisans. Installée à son compte depuis deux ans, elle travaille le cuir avec passion dans son atelier des Fleysets. Un enthousiasme qu’elle partage avec nous aujourd’hui.

 

L’abat-carrés coupe les angles de la lanière
« La réparation de pièces représente 80% de mon travail, tempère Sarah, mais heureusement, on me commande également des harnachements de spectacle, qui permettent des réalisations plus artistiques ».
Pour fabriquer un harnais, chacune des pièces va passer par huit étapes. Pour chaque partie, l’artisan travaille avec des peaux entières, qu’elle retaille en fonction de ses besoins.
En premier lieu, il s’agit de couper dans la peau avec un couteau américain. Puis, un couteau à pied en demi-lune va retailler dans le cuir selon des formes qui auront été dessinées au préalable.

 

Le cuir peut être désépaissi pour lui donner plus de souplesse
Une fois la pièce correctement formée, l’utilisation de l’abat-carrés permet de « casser » les angles du cuir, ce qui le rend moins coupant sur les bords et évite au cheval de se blesser. Ensuite, le formoir va resserrer le cuir et ses angles.

 

La couture se fait avec des aiguilles de sellier-bourrelier à bouts ronds, avec un chat très grand
Le cuir peut également être désépaissi durant cette étape, permettant de mieux le plier…
La pièce est prête à être travaillée. Mais auparavant, chaque côté va être teinté, dans un souci d’esthétisme.
C’est là que chaque pièce s’ajoute au puzzle de l’harnachement. D’abord collées, puis cousues, les différentes parties pourront s’assembler entre elles.
Marqué avec une « roulette », le cuir est ensuite percé avec une alêne, grosse aiguille très affûtée qui perce le cuir avec force là où passera le fil à coudre.

 

La couture peut également être mécanique, surtout sur les grandes longueurs
L’artisan peut alors s’armer d’un fil (poissé à la cire d’abeille), avec une aiguille de chaque côté, solidement maintenue. Pour coincer les morceaux de cuir qui seront cousus, une pince de sellier est nécessaire, calée entre les jambes. Mais pour les grandes longueurs, il est également possible d’utiliser une machine à coudre, même si Sarah avoue s’en servir assez peu : « Je préfère travailler à la main, le travail est plus fin ».

 

Des décorations peuvent être ajoutées, selon la commande et l’utilisation
Après avoir été cousue avec d’éventuelles boucles, la pièce de cuir est poncée et de nouveau teinté.
Ces différentes opérations se répètent pour chaque partie du harnais, jusqu’à l’assemblage final.

 

Chacune des pièces s’assemble pour former un collier de chasse qui évitera à la selle de reculer sur le dos du cheval…
Dans son atelier, Sarah Fillon ne travaille pas seulement pour les chevaux. Elle manipule en effet le cuir pour des commandes diverses : étuis, ceintures, bracelets, etc.
Son rêve serait de se spécialiser dans le matériel de travail hippique : filet de spectacle, selles et autres colliers. De telles réalisations font appel à un esprit créatif plus prononcé, avec moins de sobriété… Plus d’art dans l’artisanat, en somme !

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